Mon mari et moi voyageons beaucoup ensemble, c’est pas mal l’histoire de notre union, le fil conducteur de notre relation. Et nous faisons une équipe du tonnerre. C’est-à-dire que nous nous complétons à merveille… ok, peut-être sauf pour la journée du départ. La première journée de chacun de nos périples, j’avoue que nos différences de tempérament sont trop grandes, lui très méticuleux et moi, assez bohème, le jour du départ est toujours le moment du séjour où nous nous prenons au bec à chaque détail. C’est assez simple, mon mari me l’a clairement expliqué l’autre jour: le fait que je ne suis pas stressée le stresse! Alors, cette fois-ci, je m’attendais au pire étant donné que c’est la première fois que l’on entreprenait un voyage de longue durée à vélo et avec des enfants. Une formule qui demande énormément de préparations. La tension se sentait dans la maison depuis des semaines. Au lieu du sentiment habituel d’excitation et d’emballement qui précède une longue vacance, cette fois, c’était plutôt un climat d’angoisse et d’inquiétude qui régnait. Je m’étais donc préparée mentalement, la journée du départ allait être l’enfer, même le diable ne voudrait pas y être.
À quatre heure du matin mon beau-père est passé prendre mon mari à l’aéroport d’avance afin de bien organiser les bagages. Bonne idée d’envoyer les deux nerveux en éclaireur. Il faut démonter les vélos, les mettre en pièces dans des boîtes et paqueter le reste de notre vie pour les prochaines 8 semaines dans un maigre 12 petites sacoches. C’est déjà là un défi. Avec Octavian, le minimaliste qui pense qu’un t-shirt et une paire de culotte est bien assez pour même le froid de la nuit dans les rocheuses en camping, et Jojo, la maman ourse surproductrice frileuse qui est convaincue qu’une tuque, deux paires de mitaines, un manteau épais, un imperméable et un polar ne sont toujours pas suffisant pour survivre aux intempéries de l’été. C’est une négociation sans cesse. Surprise, le départ de l’aéroport de Montréal se passe sans même un accrochage, pas une virgule sur un ton plus intense, ça en est presque monotone. Merci aux grands-parents pour tout leur aide. La stratégie “Divide and conquer” a remporté la partie. La première délégation papa-grandpa se rendent sur place une heure d’avance, les grands-mamans, les enfants et la maman qui arrivent comme des pachas par la suite, une fois que toute la logistique est mise en branle, formule gagnante à réutiliser les prochains jours.
Il restait encore plusieurs étapes avant l’arrivée à destination, plein de moments de potentielle irritation, alors, fallait pas se réjouir de si tôt. Après une escale à Edmonton, nous sommes atterris à Vancouver à 1:30 pm heure de Vancouver. On a dû prendre un petit 2 heures pour remonter les vélos et les sacoches. Ensuite, on saute sur le train-navette jusqu’à l’arrêt de bus. Petit défi, les autobus ne prennent que deux vélos à la fois, va falloir faire deux équipes. Heureusement, le chauffeur d’autobus prend pitié de nous, il décide d’embarquer les vélos des enfants dans le véhicule. Quel bonheur, ça nous facilite énormément la vie. Il nous reste encore le traversier à prendre. On arrive juste à temps pour sauter sur le bateau. Il fait un soleil magnifique, le ciel est d’un bleu éclatant. Nous arrivons à Sidney, à Vancouver Island. Nos hôtes de warmshowers, un site d’échange à l’amiable entre cycliste, nous accueillent à la sortie du bateau. Ils nous offrent de prendre les vélos dans leur camionnette afin que l’on puisse se rendre à leur maison en voiture après une trop longue journée de déplacement. Il est maintenant 20:00 à Vancouver donc 23:00 heure de Montréal. J’accepte l’invitation avec plaisir. Mon fils, cycliste mordu en décide autrement. Il veut faire du vélo jusqu’à leur maison. Pas le choix que de suivre sa belle initiative. Les 4 enfourchons nos vélos pour les 7 premiers kilomètres de notre périple. Heureusement, car sur le chemin, nous avons fait notre première rencontre avec une jolie biche et ses deux petits faons. À l’arrivée, nous sommes accueillis par un verre de vin au coucher du soleil sur l’océan Pacifique. Une belle façon de souligner l’anniversaire cette journée-là de mon amoureux. Quel journée merveilleuse grâce à la générosité et à la gentillesse de tous les gens qui ont croisé notre chemin cette magnifique journée.
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